Publié le : 04 août 20202 mins de lecture

Je regarde mon appareil et je pense à l’acte photographique. Il faut bien l’avouer, je suis un torturé.

Dans mon crâne passent quelques mots : présent, passé, futur. Puis beaucoup de questions.

Est-ce que je prends une photo, en pensant c’est, ou est-ce que je pense ça n’est (déjà) plus. Qu’est-ce qui me pousse à déclencher ?

Mon oeil est dans le présent, je vois un c’est. Je regarde en témoin une scène dont je veux garder trace. Je déclenche.

Mon oeil est en avance. Ce que je vois, je le vois disparaître : ça meurt. Ces moments passent et ne reviendront pas. Je veux ralentir cette fuite du temps. Je déclenche. Le temps passe quand même. Je suis baisé.
Je me suis d’abord arrêté là. Ca me plaisait cette idée. Et puis d’autres pensées me sont venues dans la tête.

J’ai revu les photos devant la Tour Eiffel ou ailleurs. Marquer ma présence comme le chien qui urine sur ma voiture : j’y étais.

J’ai revu les photos prises au mariage de Patricia et Sébastien ; ou ailleurs. Ne pas rester assis, chercher un angle, déclencher. Une fois, deux fois, trois fois, vingt fois. Ces images je les fais un peu parce que j’avais pris mon appareil. Ne pas le laisser dans le sac. Je déclenche nécessairement.

Le plus étrange dans tout ça, c’est que l’objet photo ne contient pas le sentiment qui l’a mis au monde.

Ce que je te montre, tu ne me comprends pas.